“S’il y a bien une chose dont je suis convaincu concernant le roller, c’est que chacun le pratique à sa manière. Qu’il n’y a pas de règles, que c’est plutôt freestyle et c’est très bien comme ça. Pour illustrer ces propos, permettez-moi de vous présenter David Nguyen, un rider ou raider atypique…”

En quelques mots, qui es-tu ? Age ? Origines ? Groupe sanguin ? Religion……… non, je plaisante ! Etudiant ? Ton cursus roller ? De la compétition ? Le roller une passion ?

“Je m’appelle David, j’ai 28 ans, je suis vendeur dans un grand magasin de Paris… Je fais du roller depuis que j’ai ⁷⁄₈ ans, d’abord en quad, puis un peu de skate mais à l’arrivée des rollers in line, je ne les ai jamais plus quittés… j’ai touché un peu à tout, sans être très très bon nulle part :-) car je n’ai jamais aimé rester sur un spot des heures, j’ai toujours préféré me balader. Je n’ai jamais été en club, juste entre amis, et donc pas de compétitions, si ce n’est plusieurs participations aux 24H roller du Mans… en tant que policier, car j’étais gardien de la paix avant ma vie de vendeur, j’ai même réussi à intégrer la brigade roller de la police nationale à Paris, des souvenirs fabuleux entre autres ! Si c’est une passion…? Oui ! Je me vois vieillir sur mes rollers, à part quand mon cœur bat en amour, il n’y a que sur mes rollers que je me sens vivre !”

Comment en es-tu venu aux randonnées longues distances ? Tu avais raté un train ? Une petite amie à voir dans le Sud de la France ?

“L’idée de mon premier raid m’est venue alors que je terminais mes études reprises après avoir quitté la police. Ça a été 2 années très difficiles, je n’avais pas énormément d’argent pour partir en vacances j’avais besoin de tourner une page douloureuse, j’ai donc ressenti le besoin de me retrouver… J’aime les défis, me dépasser, donc quoi de mieux qu’un voyage à rollers pour retrouver sa ville natale, car je suis Marseillais, en partant à l’aventure en solo !”

Chez nous un raid sera une rando de plus de 100 km en une traite, à l’arrache avec une boussole et une bouteille d’eau ou préparée de longue date avec scouts et sherpas. Comment envisages-tu le raid ?

“Pour moi c’est un voyage assez long pour se découvrir soi-même, à travers la difficulté, aussi bien physique (nuits à la belle étoile sans matelas, distance à parcourir importante, etc.) que mentale (tentation de l’abandon, peur des autres, etc.), peu importe la distance, du moment qu’elle est parcourue “à la dure”, c’est à dire, sans assistance comme les pros… L’aventure doit rester authentique, pure, vécue comme un “pèlerinage” même si je ne suis pas croyant… ceci-dit, je ne pense pas que l’on puisse se découvrir sur 100 km :-)”

En quoi te démarques-tu des autres raiders ? Etat d’esprit ? Matériel embarqué ? Préparatifs ?

“Je ne sais pas si je me démarque des autres, en mieux ou en moins bien… mais en tout cas ce qui me caractérise, c’est que je pars à l’aventure en m’imposant des conditions difficiles, ou plutôt en minimisant au maximum le confort, sans pour autant léser ma sécurité et celle des autres… si je dois partir demain, je prends un sac de camping, un sac de couchage, des dessous secs, mon matériel de sécurité (chasuble, réflecteurs, lampes), des pansements “double-peau”, deux sandwiches et ma carte bleue (lol), je pars avec à l’esprit que je roule à mon rythme. Sans calculer plus que ça… et avant, je repère les villes que je devrais passer tous les ¹⁵⁄₂₀ km…”

Quels raids as-tu déjà effectués ? Comment cela se passe-t’il ?

“Je n’ai pas beaucoup de raids à mon actif, le plus important reste Paris-Marseille (950 km environ), récemment pour ne pas perdre le rythme Paris-Rennes (400 km), sinon quelques Paris-Rambouillet-Paris, Nanterre-Saint Cyr-Nanterre, Nanterre-Paris-Chartres ou encore Paris-Nevers… le dernier, Paris-Rennes a été le plus éprouvant de tous, j’ai eu énormément de bitume à la limite de l’impraticable, des montées raides à la pelle et le vent de face 3 jours durant ! J’ai en plus passé des nuits très courtes à cause du froid car je dormais dans des abri-bus :-), à l’arrivée j’avais plus d’ampoules et de douleurs que je n’en ai jamais eues avant. Mais c’est aussi pour ça que c’est celui dont je suis le plus satisfait, car j’ai su me dépasser encore plus, et sur 3 jours et demi ça devient éprouvant…”

“Mon pire souvenir, lors du raid Paris-Marseille, a été d’arriver vers Macôn à 1h30 du matin dans un état d’hypoglycémie avancé… j’avais très très mal géré l’effort des premiers jour et dû parcourir près de 450 km en à peine 3 jours. J’étais à la limite de l’abandon forcé… heureusement, à partir de là, j’ai été plus tranquille pour rejoindre Marseille, en appréciant les piscines municipales, les bonnes pauses resto etc…”

“En revanche le meilleur, en fait c’est les autres. De ma copine qui me suit quotidiennement et m’encourage, aux journalistes qui m’attendent aux villes-clés et qui me motivent encore plus pour réussir, mais surtout, tous ces gens que je croise, véhiculés ou pas, patrons de bars, de resto, simples habitants curieux, qui pour l’immense majorité sont toujours effarés, me félicitent et m’encourage ! Ça c’est génial !!! Par moments, je me suis cru cycliste du Tour de France tellement les autres m’apportaient de force et de courage ! Merci.”

“Et pour rire, cette anecdote: arrivé à Valence lors du Paris-Marseille, j’ai trouvé un coin où dormir dans un parc public fermé la nuit, j’ai dû escalader la grille et tout… et vers 5h30 du matin, c’est en panique que je me suis fait réveillé par l’arrosage automatique !!! Je ne savais pas ce qui m’arrivait, entre rêve et réalité, j’ai pris tout mon barda et me suis enfui de l’herbe sur laquelle j’étais couché ! J’étais mort de rire en y repensant…”

“Ceci dit le raid en solo peut s’avérer risqué par moment, plusieurs fois déjà on a tenté de me dépouiller… pas cool.”

L’hexagone semble un peu petit pour toi. Des projets dans d’autres pays ?

“Non, ce n’est pas que l’hexagone devient petit, car je pourrais rouler plus de kilomètres encore, c’est simplement que j’ai envie d’exporter ma passion, mon roller-spirit ! Parce que j’ai envie de voir du pays, des gens qui ne parlent pas ma langue, découvrir encore et encore à travers ma passion de l’aventure… à rollers ! Alors oui, j’ai des projets, et plus particulièrement celui que j’ai baptisé “Cap Schengen”… pour l’instant ce que je peux vous en dire c’est qu’au départ de Paris le 1er août, je partirai (peut-être en duo cette fois) pour Lille, je passerai voir nos amis Belges en allant à Bruxelles, puis je remonterai vers Amsterdam… donc oui, j’ai des projets, mais avant de parler des autres je vais d’abord essayer de réussir “Cap Schengen”…”

“Le projet est simple, voyager à rollers et si possible partager ma passion… partant le 1er août de Paris, j’espère être à Lille le 2 au soir, tranquillement, puis à Bruxelles le lendemain au soir… aucune boussole ou autre, juste un repérage sur internet des villes-clés, puis c’est la débrouille, en général les panneaux routiers car j’emprunte des routes départementales la plupart du temps, après si des raiders Belges voulaient se joindre à moi, bien évidemment ce serait avec honneur que je le vivrais ! Je leur demanderais juste une chose, c’est de le faire comme moi… pour vivre la même aventure ensemble !…  Je n’ai pas prévu de bottes ni de ciré :-) mais je prendrai tout de même un K-way !”

“Il faut absolument que tu étudies de près le site rouliroulien de DataGPS et en particulier les Voies Vertes Roller pour préparer tes itinéraires belges. Il y a des tronçons magnifiques qu’il serait dommage de rater.”

A quand le tour d’Europe ? Du Monde ?

“Le problème avec un tour d’Europe ou du monde… n’est QUE financier, si je n’avais pas à travailler pour vivre, si je pouvais me le permettre, je rêverai de partir… En tout cas ce qui est  sûr, c’est que rouler ne me fait pas peur, même si parfois ça peut devenir très dur physiquement et mentalement.”

Ton projet le plus cher ?

“Mon projet le plus cher est d’ordre privée, car je n’oublie pas que j’ai une chérie que j’aimerais rendre heureuse à long terme et une famille pour laquelle je donnerais tout. Mais niveau roller, mon projet le plus cher est le “prochain…” car je ne veut pas me projeter sans avoir réussi le “prochain” challenge… même si j’ai dans la tête quelques projets potentiels…”

Tes conseils pour qui voudrait se lancer dans de pareilles aventures ?

“Si je devais donner un conseil, je dirais deux choses, d’une ; ne pas être inconscient – surtout si on sait que la santé ne suivra pas par exemple – mais aussi ; partir le plus léger possible et ne pas forcer de trop, ne pas voir l’objectif comme une obligation surtout ! Être conscient qu’on peut ne pas réussir mais que le but est de se dépasser… si on n’arrive pas à la destination souhaitée mais qu’on est allé plus loin que ce que la difficulté nous dictait alors le raid est déjà un succès !”

Qu’est-ce que globerollers ?

“Globerollers.com est un site créé dans le but de partager cette passion, d’apporter une brique de plus à l’édifice que nous formons tous, nous passionnés de roller et de ce type d’aventures. Il est né après la création de Globe Rollers, une association qui a pour but de promouvoir les valeurs du roller. Et puis surtout, c’est un site qui permet à ceux qui le veulent de partager leurs expériences, de créer une page “GlobeRollers.Com” de la même façon que sur les sites d’autres communautés, prendre contact entre riders etc…”

“Attention Globerollers pourrait bien devenir un sérieux concurrent pour Rouliroula.com !  En attendant nous te souhaitons bonne route, et plus particulièrement sur celles de notre beau pays qui, tu t’en rendras vite compte, n’est pas aussi plat que ce que Brel chantait.”

Merci David.

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