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Les bons plans roller en Belgique et ailleurs...

Philippe Coussy, chasseur de records mondiaux d'endurance

Le week-end du 25 et 26 septembre 2009, Philippe Coussy aka Rphil ou encore Lou Solitaire s’est attaqué au record du monde de distance en 24 heures roller non drafté qui était de 541km. En parcourant*544,641 km*, il a brillamment relevé le défi au profit de l’Enfant Bleu. Rouliroula se devait de relater cet exploit et c’est avec beaucoup de gentillesse que Philippe Coussy a répondu à notre invitation et nous a accordé cette *interview exclusive*. Encore bravo et merci à lui.

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Le week-end du 25 et 26 septembre 2009, Philippe Coussy aka Rphil ou encore Lou Solitaire s’est attaqué au record du monde de distance en 24 heures roller non drafté qui était de 541km. En parcourant 544,641 km, il a brillamment relevé le défi au profit de l’Enfant Bleu. Rouliroula se devait de relater cet exploit et c’est avec beaucoup de gentillesse que Philippe Coussy a répondu à notre invitation et nous a accordé cette interview exclusive. Encore bravo et merci à lui.

Rouliroula: “Pouvez-vous nous présenter votre parcours sportif ? Comment en êtes-vous arrivé au roller ?”

Philippe Coussy: “Adolescent j’ai pratiqué le cyclisme en étant un fervent admirateur d’Eddy Merckx et de Jacques Anquetil deux grands spécialistes de l’effort solitaire. Parallèlement je pratiquais l’athlétisme, en particulier le cross-country, à l’armée j’ai disputé des championnats. Dans les années 80 après le cyclisme, j’ai fait 3 saisons de triathlon. Par la suite je suis revenu au cyclisme, puis ai migré dans les années 90 vers le duathlon (champion régional en 1996). VTT à la fin des années 90 champion de l’Yonne en 1997. Découverte du Roller en 20002001 en parallèle avec le vélo, débuts FIC en 2003, 3ème au classement de la FIC en V1 en 2004 et 2005.”

Rouliroula: “D’où vous est venu cet intérêt pour les longues distances et les épreuves en solo ?”

Philippe Coussy: “Depuis l’adolescence je connaissais mes qualités de fondeur, ou même d’ultra-fondeur, partir une journée pour un raid de 812 heures ne m’a jamais effrayé. Pour les 24 Heures roller, c’est grâce au Mans et aux records d’Anthony Rondel recordman du monde des 24h en 2000 avec 526 km, dépossédé de son titre par l’américain Kent Baake en 2001 avec 533 km, je m’étais pris à rêver de m’y attaquer un jour, mais ça me terrorisait.”

Rouliroula: Au cours de votre entraînement, quelle est la part consacrée au fond, à l’intervalle et à la technique ? Y intégrez-vous aussi de la muscu ? D’autres sports ? Seul ou avec votre club Lou Roller ?”

Philippe Coussy: “La part consacrée au fond c’est 6570% sur des parcours parfois long de 90175 km maxi, la part en intervall-training “intense” de 10 à 15% avec des séances de fractionné en côte, et 15 à 20% d’intervalles long moins intense aussi bien à roller qu’à vélo avec accélérations sur 1 à 2 min. puis récup. active sur 1 à 2 min. etc… pendant 1h30 à 3h maxi. Sur mon blog sont détaillées certaines séances assez pointues. L’hiver de décembre/janvier à Mars on augmente le volume de la cavité cardiaque avec de longues séances à 6570 % de FCM. Ensuite musculation cardiaque à partir de mi mars avec fractionné expliqué plus haut. Ainsi on obtient un cœur sthénique, developpé de façon harmonieuse, et le système respiratoire suit, la vascularisation des muscles etc. Vivant à 300km de Lyon je ne peux m’entrainer souvent avec le LOU, mais j’aime tellement Lyon que j’y descend à la moindre occasion.”

Rouliroula: “Vous avez aussi un suivi médical, en quoi consiste-t’il ?”

Philippe Coussy: “Une visite par an pour la licence, une analyse de sang une fois tous les deux ans environ, sinon pas de suivi médical.”

Rouliroula: “La préparation passe par l’alimentation, qu’en est-il avant et pendant la course ?”

Philippe Coussy: “Avant la course et en temps normal: Glucides: Beaucoup de pommes de terre, de riz, mais jamais de pâtes, pauvres en tout sauf en sucres lents. Céréales le matin, miel, yaourts au lait ou au soja. Protides: viandes de volailles, poisson, œufs, et surtout les lentilles de toutes sortes riches en fer. Compléments alimentaires avec pollen en pelotes, lécithine de soja, levure de bière, miel, gelée royale. Jamais de vitamines. Pendant la course: Bouillies de cérales sucrées, ou bien barres de céréales avec 7 ou 8 fabricants différents pour varier les parfums, boissons: Isostar, Redbull coupé à l’eau, du salé avec petits sandwiches au pain complet/crudités et thon ou viande de volaille broyée. Bananes.”

Rouliroula: L’intendance a aussi son importance, avez-vous une grosse équipe avec vous ?”

Philippe Coussy: “Pour le record mondial oui, c’était necessaire. Sinon pour un 24h classique il faut un accompagnateur expérimenté et passionné, psychologue, qui s’occupe des ravitos, avec lequel on est relié par téléphone ou talkie. Sinon je suis mon propre entraineur et élabore mes séances, et plannings moi-même depuis des années, j’utilise beaucoup le GPS couplé au cardio, mes séances sont très souvent analysées avec un logiciel, mon blog en fait mention. La technologie associée au sport permet de surfer avec ses limites… au lieu de les dépasser.”

Rouliroula: “Selon vos propres termes, 24h en solo, c’est 22h de Club Med et 2h de côté obscur. Que ressentez-vous pendant ces 2 heures ?”

Philippe Coussy: “Ben l’état dans lequel aucun élément nouveau n’est suceptible de vous faire avancer plus vite, ni boire, ni manger, etc… seulement l’envie de s’allonger et de dormir. Il faut avoir de l’avance sur le tableau de marche sinon le moral sera encore plus atteint, on ne gère cet état de délabrement physique que si le succès est assuré ou envisageable, dans le cas contraire et sans moral on ne va plus très loin.”

Rouliroula: “Lors de ce record, même si vous n’étiez pas seul sur le circuit (motos, juges, supporters…), la solidarité qui lie les participants solos sur les courses d’endurance vous a-t’elle manqué ?”

Philippe Coussy: “C’est une évidence tellement il est douloureux d’avoir ce mur d’air invisible devant soi, contre lequel il faut lutter, aucun abri, aucune récup sans payer cash par un brusque ralentissement à la suite duquel il faut relancer, ça ne pardonne pas, le plus difficile c’est le ‘zéro-drafting’ mais j’étais parfaitement entrainé. Il faut pouvoir se passer de la solidarité des autres, dans un premier temps c’est contre-nature mais au bout de quelques mois on devient un VRAI solitaire, à un point où la solitude devient une drogue.”

Rouliroula: “Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous ? Les 574 km à Montréal ou les 545 km à St Priest ?”

Philippe Coussy: “Les 545km à St Priest, car j’ai basculé 2 ou 3 fois du coté obscur où j’ai du apercevoir Gandalf-Le-Blanc ça et là (en fin de nuit qui durait 11h, et vers la seizième heure donc midi).”

Rouliroula: “Qu’est-ce que la vitesse critique ? La planifier-vous heure par heure ou évolute-t’elle selon vos sensations ?”

Philippe Coussy: “La vitesse critique est la vitesse optimale qui permet de tenir une bonne moyenne, tout en ménageant ses forces pour la suite, elle varie plusieurs fois dans un 24h à St Priest elle s’est située dans une fourchette comprise entre 25 et 21kmh, ça dépend des moments.”

Rouliroula: “Comment choisissez-vous votre matériel ? Qu’avez-vous utilisé comme chaussons et comme roues pour ce record ?”

Philippe Coussy: “Le matériels est testé précisément aux entrainements. Je fais des comparatifs vitesse/rythmes cardiaques, et on ne peut se bluffer avec des sensations, seul compte le TEMPS. A Lyon Chausson PowerSlide C6 assez basique à 250€, roues Roll’X Maraton’X en 108 mm 85A pour monter sur platine carbone EOSkates diablo 4X104 mais retravaillées au Dremel pour recevoir des roues de 110mm légèrement usées ramenées à 108 mm. Une bombe. A Montréal chaussons BONT jet basiques à 200€ ! roues Roll’X très dures X’birds vertes 87A 104 mm montées sur platine carbone EOskates diablo.”

Rouliroula: “Je suis assez intriguée par votre casque, sa forme aérodynamique est-elle réellement avantageuse pour les épreuves de longue distance ?”

Philippe Coussy: “Top secret, j’ai fait des mesures très précises là-dessus, de même que sur les roues Roll’X utilisées à Montréal puis d’une autre sorte à Lyon, lorsqu’on s’attaque à un record mondial il n’y a pas de place pour des gadgets matériels.”

Rouliroula: “Si le record à battre avait été de 550 km, qu’auriez-vous changé ? Auriez-vous roulé plus vite ou auriez-vous fait moins de pauses ? Auriez-vous pu penser à carrément zapper les pauses comme vous l’avez fait à Montréal ?”

Philippe Coussy: “Je n’ai pas fait de pauses à Lyon non plus, juste une douzaine ou quinzaine de “stop & go” pour me ravitailler. Pour 550 km il aurait fallu un circuit plat et non aussi valonné. Mon GPS mesurait 2250 m au tour sur toutes les séances d’entrainement effectués car on zigzague loin de la corde pour éviter les plaques d’égout, raccords de bitumes etc, alors que l’expert agrée a trouvé 2222.69 m à 30 cm de la corde comme l’exige le cahier des charges, soit une différence de 27 mètres donc 6km de perdus sur 24h c’est beaucoup, ce paramètre m’avait échappé, mais je me sentais très fort. Mais je sais que je peux faire mieux sur un circuit plus adapté. Et il aurait fallu tenter le record fin juin pour avoir la nuit la plus courte possible 5 heures au lieu de 11 heures soit 6 heures à piocher la nuit c’est terrible. Ben rouler plus vite, déjà que j’ai fini sur le brancard de la Croix rouge, je ne vois pas comment j’aurais pu aller plus vite.”

Rouliroula: “Avez-vous rencontré des problèmes inattendus ? Si oui lesquels, causés par quoi et comment y avez-vous fait face ?”

Philippe Coussy: “Hormis la longueur du circuit, j’ai eu de coup de barre terrible vers les 23 de la tentative.”

Rouliroula: “Je suppose qu’une telle épreuve est une bataille contre soi-même, le combat le plus dur est physique ou mental ?”

Philippe Coussy: “Difficile à dire, le plaisir de rouler est là pendant une grande partie des 24h même la nuit où les nerfs sont très sollicités car on peine à voir les obstacles et pièges malgré l’éclairage urbain plutot efficace à St Priest. Mon staff était tellement efficace que le mental n’a pas trop souffert.”

Rouliroula: “Pas mal de pub avait été faite avant votre record, le pression était donc à son comble pour vous, était-il facile de la gérer ?”

Philippe Coussy: “Oui assez facile à gérer car sur un 24h j’ai toujours fait mieux à chaque fois en gérant ai mieux, 572, 574, 578, de plus, je me sentais dans un état de grâce, tous mes tests effectués aux entrainements depuis le printemps ont été en constante amélioration, même après Montréal début juin et mes 574578 km soit 24 km/h de moyenne.”

Rouliroula: “Aviez-vous pensé à l’échec ?”

Philippe Coussy: “Ça m’a même torturé l’esprit vers midi, à ce moment vous vous dites en roulant qu’il n’y a aucun moyen de surmonter ce genre d’échec, ou alors un seul: disparaître des milieux du roller.”

Rouliroula: “Comment se passe la récupération ?”

Philippe Coussy: “Beaucoup de relaxation, siestes (sommeil non car je suis insomniaque) du vélo lentement 2x10 km par jour pour aller bosser à partir du 5 ème jour après le record. Roller 7 à 9 jours après la course.”

Rouliroula: “Quel est votre état d’esprit une semaine après votre exploit ? Prêt pour de nouvelles aventures ?”

Philippe Coussy: “La douleur sur ce genre d’épreuve et la difficulté du circuit de St Priest m’étant tellement familiers que j’envisage de courir les 24 Heures du Mans en 2010 malgré la côte Dunlop, plutot que celles de Montréal, car mon objectif est de passer la barre des 600 km en 24h, même si le circuit Sarthois ne s’y prête pas, le nombre d’engagés solo 7 fois plus important qu’au Quebec, fait que le drafting y est très facile.”

Rouliroula: “Vous roulez pour une association qui vous tient à coeur, L’enfant bleu. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?”

Philippe Coussy: “Flatter son ego, relever des défis en réalisant des records fini par être stupide. J’ai trouvé qu’aider les sans-défense était noble. Mais ce genre de combat ne fait rêver personne, et le désintérêt des entreprises de St Priest pour la cause de l’Enfant Bleu m’a choqué, c’est fou le nombre d’entreprises qui perdent les courriers, les mails, ou dont le patron est toute la journée en réunion…”

Rouliroula: “Voilà, à vous la carte blanche si vous désirez nous parler de votre ressenti, de gens qui vous tiennent à cœur ou vous soutiennent,… N’hésitez surtout pas !”

Philippe Coussy: “Le coup de cœur: mon staff avec Pascal Maçon et Yves Lambourg du LOU Roller qui ont toujours cru en moi, sans eux il était impossible de monter un tel projet, les membres du LOU Roller présents des heures aux carrefour, les motards, quadeurs recrutés, les juges nationaux et internationaux présents. L’esprit des différentes associations de roller sur Lyon (Génération Roller, Macadam, etc.) solidaire de l’Enfant Bleu.

Par contre mon ressenti sur les entreprises du Parc: Ce qui me sert le cœur c’est le manque d’humanité des dirigeants d’entreprises du Parc Technologique de Saint Priest entourés par le circuit, pour repousser une cause aussi sensible que celle de l’Enfant Bleu, enfance maltraitée. Je trouvais normal de les démarcher avec un gros dossier concernant le projet en leur demandant d’aider l’association en faisant un don. Un voyant s’est allumé: lorsque que vous voyez les 24 suicides de cadres chez France Telecom en 18 mois, et que leur PDG n’est toujours pas viré, vous vous dites que tout le monde trouve ça normal et que personne ne se sent responsable, ça fait peur. J’ai fait 245 tours du circuit de St Priest en passant toutes ces fois devant des entreprises dont les dirigeants n’ont que faire des enfants battus, violés, délaissés. Aucune réponse de leur part malgré maintes relances, c’est pire qu’une réponse négative.”

alt text © Propos receuillis par Vlega Rouliroula.com - 1er octobre 2009

Le blog de Philippe: http://rphil89.skyrock.com

Le site de LOU Roller: www.louroller.com

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